Coleslaw de saison aux pickles de butternut, vinaigrette à l’huile de noix

Coleslaw de saison aux pickles de butternut, vinaigrette à l’huile de noix
Hind
par

La bande son de mon enfance et de mon adolescence s’était faite la malle en 2016. Et soudain j’avais envie de coleslaw.

« Je n’irais plus jamais danser, les sentiments coupables n’ont pas de rythme » : oui moi aussi j’avais susurré Careless Whisper à  huit ans  ,dans un yaourt olympique , en essayant d’imiter l’air infiniment désolé de George Michael et son brushing de compétition. Quelques années plus tard je me déhanchais en véritable furie adolescente sur tout l’album Faith en me pâmant comme  une fane de radis devant  la barbe de trois jours et la voix de soul toujours aussi caressante de mon anglo-chypriote préféré.

A l’adolescence toujours, je me suis prise le chou à essayer de comprendre cette histoire de Suzanne avec  ses oranges chinoises et son Jésus le marin sous la plus haute influence paternelle : »Ma fille, il faut, je dis bien il faut que tu écoutes Léonard Cohen ». Cette injonction m’avait fait faire d’énormes progrès en Anglais tout en découvrant l’œuvre hautement poétique du sieur Léonard. Je crois que je suis un peu tombée amoureuse du troubadour canadien à l’époque. Et aussi de Ravel. L’un n’empêche pas l’autre. Mais ceci est une autre histoire.

Après ces amours hautement contrariées, j’avais découvert Bowie par accident grâce à l’inénarrable album Unplugged de Nirvana et sa fameuse reprise de «  The man who sold the world ». Ce parfum de soufre et d’intelligence, cette odeur de liberté mêlée à une britishness impitoyable : j’étais conquise.

Et en ces temps quasi préhistoriques, sans internet ni smartphones (il y a peine 20 ans !) il fallait user de la plus haute créativité pour écouter sa musique préférée(en tout cas dans mon Maroc natal) : à l’aide d’un radio cassette, il fallait repérer le moment lambda ou la chanson passait à la radio, se ruer sur la touche enregistrer et s’arrêter au bon moment. Cette technique très peu scientifique provoquait beaucoup de ratés et donnait des cassettes bizarres entrecoupées de morceaux de publicités ou de bouts d’émissions sans parler des cassettes doublement utilisées ou on retrouvait dans la plus haute confusion un bout d’onomatopées MichaelJacksoniennes  accolé à un hurlement de Gun’s and Roses.

Oui il fallait lutter pour écouter un morceau entier de sa musique préférée mais le plaisir en était décuplé. Alors qu’aujourd’hui où l’intégrale de Mozart est à portée de clic, il y a comme un sentiment de lassitude infinie qui nous envahit face à l’offre envahissante  et surabondante.

2016 avait ainsi emportée un bout de mon enfance musicale et j’avais donc envie de Coleslaw de saison.

D’abord pour célébrer la vie et les couleurs, pour faire le plein de vitamines ensuite et enfin survivre entre deux comas digestifs dus aux repas de fêtes. J’ai utilisé les restes de mes pickles de Butternut dont la recette est ici, mais vous pouvez également utiliser de la butternut crue simplement râpée. Le Mirin( vin de riz japonais de cuisine assez sucré) utilisé dans les pickles de butternut se trouve facilement en magasins bio ou dans les épiceries asiatiques.

J’aime beaucoup utiliser des carottes violettes non seulement à cause du fascinant contraste entre leur cœur orangé et leur robe mauve mais aussi parce qu’elles ont une plus haute teneur en béta-carotène. La betterave Tonda di Chioggia va apporter ses superbes zébrures roses tout en évitant le gout plus terreux de sa voisine betterave rouge. J’ai mélangé le tout avec des noix de pécan et des raisins secs en arrosant d’une vinaigrette à l’huile de noix.

So long George, David , Leonard : non je n’irai plus jamais danser de la même façon, indubitablement.

Pour 4 personnes :

  • ½ chou blanc ou chou pointu
  • 3 carottes violettes (ou pas)
  • 2 betteraves Tonda di Chioggia
  • 100 à 150 g de pickles de butternut (recette ici), sinon de la butternut crue ce sera bien aussi.
  • Une poignée de feuilles de laitue ( feuille de chêne ici)(facultatif mais apporte une texture plus douce)
  • 70g de noix de pécan (ou de noix)
  • 40g de raisins secs

Vinaigrette à  l’huile de noix :

  • 1 cc de moutarde de Dijon
  • 1 c à s de miel
  • 2 c à s de vinaigre de cidre
  • 4 c à s d’huile de noix
  • Sel,poivre au gout
  • 1 cc de thym frais (ou à défaut séché)

Faites un sort aux carottes et aux betteraves : pelez-les et détaillez-les finement soit en les éminçant à la mandoline soit en les râpant soit en les coupant en julienne.

Émincez le chou blanc ou le chou pointu tout aussi finement.

Égouttez les pickles de butternut(en principe coupées dans l’épisode précédent en rondelles) et taillez-les en bâtonnets fins.Coupez enfin la salade en chiffonnade.

Sus à la vinaigrette : émulsionnez tous les ingrédients, mélangez comme un malpropre. Réservez.

Mélangez tous les légumes sauf la salade (par peur de l’étiolement fatal) avec les noix et les raisins secs et 2 c à s de vinaigrette. Laissez reposer 15 minutes le temps que la salade absorbe la vinaigrette

Servez en mélangeant avec la laitue ajoutez un rab de vinaigrette selon gout. Mâchez consciencieusement en écoutant peut-être  » Slow  »  du magnifique « Popular Problems », l’avant dernier album du grand Léonard.

 

 

print
Partager

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *