Pain brioché bicolore à la mélasse et aux deux farines
par Hind
Il pleut sur la ville comme il pleure dans les cœurs. Et l’on se réveille sonnés .Et l’on se réveille quand même. La mort rode. La haine menace. La peur nous guette. Et l’on se réveille quand même. Sans doute cet instinct de survie légendaire, qui nous a sauvés, partout, de tout temps.
Car la barbarie a toujours été là, à toute époque, elle nous guette, prête à triompher. Elle n’aspire qu’à une chose : nous dépouiller de la foi en l’humain, faire vaciller nos espérances de mondes meilleurs, abimer nos illusions fragiles.
Mais entre tragédies et bonheurs, drames et félicités nous sommes capables du pire comme du meilleur, nous passons des ténèbres à la lumière dans un vertige sans fin.
Et l’on se réveille quand même parce qu’on l’aime ce pays biscornu, bigarré, zinneke, imparfait et attachant. Avec sa mer du nord pour unique terrain vague et ses canaux qui se pendent sous les ciels si gris. Parce qu’on a grandi avec Brel et Tintin à l’autre bout du monde, parce qu’on vient d’ailleurs mais qu’on a succombé aux ciels brouillés, au chocolat comme religion et qu’on a la frite même sous la pire des draches nationales.
Et l’on se réveille quand même parce que chaque journée est une petite vie. Dixit Shopenhauer. Parce qu’on craint tout d’un coup de la gaspiller, parce que les heures s’égrènent entre nos doigts et que l’on réalise soudain que c’est un formidable cadeau et fardeau à la fois. Parce que d’autres n’ont pas eu cette chance et que nous sommes toujours là. Car il va falloir vivre, vivre et aimer, aimer à ne plus savoir qu’en faire pour contrer la barbarie.
Et l’on s’engouffre dans sa cuisine. Parce que la cuisine c’est le partage et l’amour par excellence. Alors on farine, on roule, on pétrit, on met la main à la pâte, on observe la levure faire son petit miracle boulanger et on s’enivre du parfum de cannelle et gingembre qui s’échappe du four. On oublie, pour quelque temps, la violence du quotidien.
Et ensuite on rompt le pain. Avec ceux qu’on aime mais peut-être aussi ceux de passage . Il pleut sur la ville comme il pleure dans les cœurs. C’est le combat ordinaire. Et l’on écoute Brel, le chantre de la belgitude et du plat pays, encore et toujours.
Pour 6 à 8 personnes :
Pour la pâte blanche :
- 250g de farine blanche bio T65
- 7 g de levure sèche de boulanger
- 30g de sucre en poudre
- 1 c à s d’eau de fleur d’oranger ou de rhum (ou les graines d’une moitié de gousse de vanille)
- ¼ cc de sel
- 30g de beurre
- 100 ml de lait tiède
- 1 œuf
Pour la pâte brune
- 250g de farine blanche bio T65
- 100g de farine de sarrasin bio
- 10g de levure de boulanger sèche
- 30g de cassonade brune
- 1c à s de miel
- 2 c à s de mélasse noire (en vente en magasin biologique)
- 1 cc de cannelle
- 1 cc de gingembre en poudre
- ¼ cc de sel
- 30g de beurre
- 120 ml de lait tiède
- 1 œuf
Finition :
- 2 c à s de beurre fondu
- 1 petit œuf battu avec 2 c à s de lait et une pincée de sel
- 125 g de raisins secs
- 2 c s de cassonade brune
Beurrez et farinez un grand moule à pain ( le mien fait 21 cm de longueur). Vous pouvez aussi opter pour deux petits moules selon le contenu de vos placards et de votre imagination.
Pour ceux qui redoutent les démoulages hasardeux, vous avez le droit de recouvrir votre moule de papier sulfurisé en lieu et place du mélange beurre/farine.
Préparons la pâte blanche : Mélangez la farine avec le sel le sucre et le beurre jusqu’à ce que le beurre soit complètement fondu dans la masse. Faites un puits au centre et ajoutez la levure sèche, l’œuf, le lait et pétrissez soit au robot muni d’un crochet soit à la main, jusqu’à ce la pâte devienne souple et sans grumeaux. Disposez la sur un plan de travail fariné et pétrissez à la main pendant 5 mn avant de former en boule. Placez dans un saladier légèrement huilé (huile de tournesol), couvrez d’un linge propre ou de film alimentaire et laissez lever pendant une bonne heure jusqu’à ce que la pâte ait doublé de volume.(Près d’une source de chaleur, genre radiateur c’est encore mieux)
Préparons la pâte brune : Procédez de la même façon que la pâte blanche en ajoutant les poudres d’épices avec les ingrédients secs au départ, et le miel et la mélasse en même temps que le lait et la levure. Pétrissez patiemment au robot ou à la main sur un plan fariné. N’hésitez pas à rajouter un peu de farine si la pâte est trop collante. Formez en boule sur un plan fariné et laissez levez dans un saladier huilé jusqu’à ce que la pâte ait doublé de volume
Atelier assemblage : mesurez la longueur de votre moule à pain(ici 21 cm) et sur un plan fariné, étalez chacune des deux pâtes en rectangles égaux dont la largeur sera égale à la longueur du moule. Quant à la longueur des rectangles, déchainez-vous : plus elle sera grande plus vous obtiendrez un bel effet marbré sur votre pain. Enfin sachez raison garder : n’abaissez pas vos pâtes indéfiniment. Pour ma part j’ai fait des rectangles d’environ 21 cm de largeur pour 40 de longueur.
Brossez l’abaisse brune avec un peu de beurre à l’aide d’un pinceau, Saupoudrez d’un peu de cassonade et disposez les raisins secs. Déposez ensuite l’abaisse blanche par-dessus et soudez-bien les bords en passant légèrement au rouleau. Brossez de même l’abaisse blanche avec un peu de beurre. Roulez ensuite finement l’ensemble à partir de la largeur du rectangle.(histoire que le pain trouve sa place dans le moule, si vous suivez)
Déposez votre œuvre dans le moule, couvrez d’un linge propre et laissez levez pendant deux bonnes heures près d’une source de chaleur ou jusqu’à ce que la pâte ait doublé de volume : les conditions de température et de pression différent selon les chaumières ! la pâte est bien levée si elle remonte facilement quand vous la touchez du doigt. Pendant ce temps préchauffez votre four à 200°C (chaleur tournante).
Dorez le pain avec l’oeuf battu à l’aide d’un pinceau puis faites cuire 20 mn à 200°C puis 20 mn à 180°C.Laissez reposez dans le moule pendant une petite demi-heure avant de démouler sur une grille. Laissez refroidir complètement avant de découper en tranches. A déguster avec un bon beurre fermier et du miel ou une jolie marmelade de fruits. Ce pain peut par ailleurs se congèle découpé en tranches.
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