Fenouil et carottes à la grecque

Fenouil et carottes à la grecque
Hind
par

Nous sommes en 490 av J.-C, sur une plage de l’attique bordée par des champs de fenouil, à proximité d’Athènes. Une bataille décisive est sur le point de se dérouler.

En effet, les premières guerres médiques font rage : les cités grecques asiatiques se sont soulevées contre la domination de l’empire perse Achéménide   et ne voilà t’il pas qu’Athènes, l’orgueilleuse, se targue de leur venir en aide, non sans déclencher des représailles retentissantes.

Sous l’œil narquois de Zeus et un soleil de plomb , deux forces armées jusqu’aux dents se font face : d’un côté les troupes hoplites (fantassins surarmés) athéniennes et platéennes , de l’autre l’armada perse , commandée par le neveu de Darius(Artapherne de son petit nom) en personne.

Car Darius 1er, dit le grand, celui-là même qui fonda la brillante Persépolis , se montre un brin chatouilleux face à ces quidams qui l’empêchent de mener à bien ses rêves expansionnistes  et osent se rebeller contre son autorité: il décide  littéralement d’aller voir chez les grecs (d’Europe) non sans avoir écrasé auparavant les rebellions des cités grecques d’Asie mineure.

Darius essaie d’abord la voie diplomatique en envoyant des ambassades vers les cités d’Athènes et Sparte : les émissaires se font massacrer sans cérémonie.

Darius s’énerve : il envoie fissa une flotte impressionnante pour écraser les insoumis : les villes de Naxos et Erétrie sont saccagées, leur population réduite en esclavage. Les légions  perses se dirigent  alors vers Athènes en passant par cette plage aux fenouils qui serait adaptée aux manœuvres de cavalerie selon les stratèges haut placés.

Au bout de cinq jours de combats acharnés, et contre toute  attente, les  grecs mettent en déroute les forces perses qui prennent la fuite en ayant essuyé de lourdes pertes.

Les raisons sont liées à la fois à l’équipement mais aussi à la stratégie des forces en présence. Les bataillons perses sont composés de soldats venant d’horizons d’hivers, peu soudés et ne parlant pas la même langue, qui plus est armés de boucliers en osier et de piques courtes. Les hoplites grecs sont quant à eux lourdement armés :casque, cuirasse, bouclier, lance et épée en métal constituent leur équipement de base. Les grecs adoptent par ailleurs une stratégie d’encerclement de l’adversaire très efficace, protégées par leurs boucliers en métal, véritable muraille de défense.

Pour proclamer leur victoire retentissante, les grecs envoient un messager pour annoncer la bonne nouvelle à Athènes : l’émissaire parcourt les 42 km séparant la plage aux fenouils de la cité grecque et à bout de souffle, s’effondre sur l’aréopage en bredouillant ce qui sera son dernier message.

Vous l’aurez sans doute deviné : le lieu de cette bataille célèbre de la première guerre médique, se nomme Marathon, alias champ de fenouil en grec ancien : de nos jours d’ailleurs fenouil se dit « Maratho » en grec moderne. En 1896, lors des jeux olympiques d’Athènes, l’idée germa de créer une épreuve commémorant le destin tragique du messager grec : le marathon sportif était né.

De la plage de Marathon au fenouil à la grecque, il n’y a qu’un pas que j’ai franchi allégrement !

La recette du jour célèbre la saison naissante du fenouil pour bricoler une préparation façon pickles qui fleure bon la méditerranée : graines de fenouil et de coriandre, citron, huile d’olive , vin blanc se chargeront de ramener les cigales dans vos oreilles. Les légumes sont à peine cuits dans un jus parfumé aux épices et aux herbes, puis mis à mariner au frais le temps qu’ils s’imprègnent des parfums.

Ce n’est pas le moment de courir, même un marathon : il faut partir à point , de préférence la veille, pour laisser les légumes se gorger de parfum et cuire à froid. Nous sommes dans la famille des pickles , conserves et autres  condiments  dans la recette du jour.

NB : tous les légumes sont biologiques sur ce blog, donc je n’indique pas les précautions d’usage concernant les citrons non traités.

Pour 4 personnes, à démarrer la veille ou au moins 3h à l’avance :

  • 400g de fenouil chevelu (avec pluches) si possible (un gros fenouil chez moi, mais je trouve les petits bien meilleurs)
  • Un petit bouquet de jeunes carottes (une douzaine chez moi)
  • 150ml de vin blanc sec
  • 150ml d’huile d’olive
  • 6 gousses d’ail avec peau
  • 1 anis étoilé
  • 1 c à s de graines de fenouil
  • 1 c à s de graines de coriandre
  • 1 cc de graines de carvi
  • 1 feuille de laurier
  • 1 petit bouquet d’aneth
  • quelques feuilles d’origan frais
  • ½ cc de sel
  • 2 citrons

Sus aux légumes : pelez les jeunes carottes en les laissant entières (réservez les fanes pour un pesto ou une soupe). Coupez le fenouil longitudinalement s’il est d’une taille raisonnable en réservant le feuillage, en tranches d’épaisseur moyenne (il faut qu’il y ait de la mâche). Si vos fenouils sont petits, coupez-les simplement en deux ou en quatre, toujours dans le sens de la longueur. Coupez un citron en rondelles, récupérez le jus du deuxième : versez le jus sur le fenouil coupé et mélangez bien. Ecrasez les gousses d’ail au couteau sans enlever la peau.

Hachez l’aneth et le feuillage du fenouil, réservez.

Dans un poêlon à fond épais, versez le vin blanc et l’huile d’olive : portez à ébullition puis baissez le feu (4 sur induction), ajoutez l’ail, le citron en rondelle,l’anis étoilé, les graines de fenouil , de carvi et de coriandre ainsi que le sel. Laissez infuser pendant 5 mn à couvert.

Plongez les carottes et le fenouil dans le mélange, couvrez et laissez cuire à feu doux (2 sur induction)pendant une dizaine de minutes. Les légumes doivent rester très croquants sous la dent.

Laissez tiédir, ajoutez l’aneth et le feuillage haché ainsi que l’origan frais, puis versez le tout dans un contenant hermétique : réservez au frais pendant au moins 3 h, mais c’est encore meilleur préparé la veille pour le lendemain. Avant de consommer, sortez les légumes au moins 30 mn à l’avance (l’huile d’olive se fige au froid) .Dégustez frais.

Servez ,égoutté, en accompagnement (parfait avec les volailles ou le poisson) ou rajoutez-en dans vos salades, dans vos sandwichs, ou encore dans les préparations à base de céréales (pâtes, petit épeautre, orge etc.). Mais vous pouvez également grignoter directement, sans rien, en toute décontraction. Le jus restant peut servir à parfumer une vinaigrette ou une sauce.

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Commentaires

  1. Hummmm j’essaye ça dès que possible ça m’a l’air fameux! Juste une question, pourquoi tant d’huile d’olive? Pour le goût? La texture? Je serais tenté d’essayer de remplacer la moitié de l’huile d’olive par de l’eau, mais peut être cela peut il amoindrir le résultat?
    Merci pour toutes ces belles recettes en tout cas!

    • Bonjour baptiste: il y a autant d’huile d’olive que de vin blanc car l’huile d’olive va servir à confire les légumes. C’est ce qu’on appelle à la grecque: ce mélange tant pour tant vin blanc-acidité/huile d’olive-rondeur.Cela se mange bien égoutté et bien entendu sans ajout additionnel de matière grasse:) personnellement je les rajoute dans des plats de pâtes ou de céréales ou je les mélange à des crudités.

      • Merci beaucoup pour cette réponse détaillée, ravi d’apprendre ce procédé, et très impatient d’essayer ça, demain soir je m’y mets!

  2. Salomé a écrit: 18 mai 2019 à 11:30

    Bonjour
    Je découvre votre blog très intéressant, j aimerai m abonner mais je ne vois pas la case newsletter svpl
    Merci pour votre aide

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