Tarte aux myrtilles et aux pistaches
par Hind
» You ought to have seen what I saw on my way
To the village, through Mortenson’s pasture to-day:
Blueberries as big as the end of your thumb,
Real sky-blue, and heavy, and ready to drum
In the cavernous pail of the first one to come!
And all ripe together, not some of them green
And some of them ripe! You ought to have seen! »
Robert Frost,’Blueberries ‘
Ah ce cher Robert Frost ! Découvert par une après-midi pluvieuse au siècle dernier, grâce à mon professeur d’Anglais qui tentait de capter l’attention d’une vingtaine d’adolescents boutonneux et apathiques, ce poète m’a toute suite happée par son imaginaire bucolique, sa mystique champêtre et sa soif de liberté. A l’exemple de son célèbre poème ‘ The road not taken’ et sa conclusion qui me hante depuis sa première lecture :
“Two roads diverged in a wood, and I—
I took the one less traveled by,
And that has made all the difference.”
C’est donc le cœur plein de nostalgie et de souvenirs d’une adolescence studieuse et bubelée que j’eus une soudaine envie de myrtilles. Ce sont des choses qui arrivent , me direz-vous , surtout en lisant des poèmes américains et surtout quand la saison des myrtilles bat son plein.
Car amis lecteurs et néanmoins cuisinier, cette magnifique baie bleue , dénommée très stylistiquement bleuet par nos amis canadiens, , de son petit nom ‘Vaccinium myrtillus’ un arbuste répandu en Amérique et en Eurasie est au cœur de nombreuses légendes amérindiennes, ces populations autochtones faisant une grande consommation de myrtilles sauvages bien avant la colonisation européenne.
Selon une de ces légendes , sans doute inspirée de la base du fruit de forme étoilée, le Grand Esprit qui gouverne toute chose, envoya des baies d’étoiles pour apaiser la faim des populations humaines lors des époques de grandes famines. Les amérindiens utilisaient par ailleurs à la fois les fruits et les feuilles dont ils faisaient des infusions médicinales. Les baies étaient consommées fraîches ou séchées . A l’état sec, elles étaient réduites en poudre et servaient de base d’assaisonnement et de préservation pour la viande de bison séchée , ou encore comme base d’une préparation amérindienne appelée Sautauthig ( prononcer sawi—taw—teeg), une sorte de pudding composé de myrtille, de maïs et d’eau.
Pour la recette d’aujourd’hui, je vous rassure tout de suite : je n’ai pas été chasser le bison, espèce par ailleurs décimée hélas de nos jours.Je ne suis d’ailleurs guère qualifiée pour la chasse, la vue d’un cafard suffisant à ma terrasser sous des conditions normales de température et de pression.
Je me suis contentée d’une tarte maison gourmande, aux saveurs de vanille , de pistache et de myrtille. Mais si, vous le savez : une de ces tartes qu’on se partage entre amis ou en famille, lors des dimanches languissants, en se disant qu’on en reprendrait bien une petite part, bercée par la sourdine des conversations finissantes , une de ces tartes pour laquelle vous ne subirez aucune punition si vos myrtilles ne sont pas symétriquement alignées, tandis qu’au loin peut-être, retentit la musique de ‘ blueberry hill’.
Pour 6 personnes et un moule à tarte rond et amovible de 25 cm de diamètre:
Pâte (20 +30 mn de repos au frais au moins, voir plus bas)
- 210 g de farine à patisserie biologique
- ¼ cc de sel fin
- 100g de beurre froid coupé en dés
- 40 g de sucre de canne blond
- 1 oeuf battu
Garniture:
- 400g de myrtilles fraîches, lavées et égouttées
- 80 de pistaches
- 150 de crème fraîche épaisse
- 75g de sucre glace (je mixe en fait personnellement du sucre de canne finement au blender)
- 2 œufs
- 1 sachet de sucre vanillé
Commençons par la pâte : jetez la farine, le sel et l beurre dans le bol de votre mixer fétiche. Mixez par petites pulsions 2 à 3 fois jusqu’à avoir une sable beurré. Ajoutez ensuite l’œuf et le sucre puis mixez de nouveau par petites pulsions. La pâte devrait se former d’elle-même : sinon ajoutez 1 c à s d’eau froide. Formez en boule, aplatissez légèrement et enveloppez votre œuvre de film plastique avant de placer au frais pendant 20mn au moins (vous pouvez aussi faire la pâte la veille pour le lendemain).
Pendant ce temps, mixer en poudre les pistaches (pas trop finement). Réservez.
Préchauffez le four à 190°C.
Beurrez et farinez un moule à tarte à fond amovible de 24-25 cm de diamètre. Sortez la pâte du frais puis aplatissez-la à l’aide d’un rouleau à pâtisserie en un disque de diamètre supérieur au moule (28 cm environ). Foncez ensuite le moule à tarte avec la pâte. Piquez légèrement le fond avec une fourchette puis placez de nouveau au réfrigérateur pendant 30 mn.
Recouvrez la tarte de papier sulfurisé, versez des billes an céramique (en vente dans les magasins de cuisine) ou encore des légumineuses (pois-chiches ou haricots) sur tout le fond de tarte, afin d’éviter qu’elle ne gonfle lors de la première cuisson. Enfournez pendant 12 mn.
Sortez la tarte , laisser tiédir légèrement pendant 5 mn, puis enlevez les billes et le papier sulfurisé : enfournez à nouveau pour 5 mn.
Baisser la température du four à 180°C.
Versez la poudre de pistache sur le fond de tarte, ajoutez les myrtilles puis enfournez pendant 15 mn.
Pendant ce temps préparer la crème : battez au fouet les deux œufs, la crème fraîche et le sucre glace ainsi que le sucre vanillé.
Versez l’appareil sur les myrtilles puis enfournez une dernière fois pour 30 minutes. Laissez reposer la tarte dans son moule sur une grille pendant au moins 15 mn. Démoulez et dégustez chaud ou à température ambiante. S’il vous reste de la tarte par manque de convives gourmands ou d’ostracisme envers la myrtille, vous pouvez la congeler découpée en parts (égales, on l’espère).
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