Naans à la patate douce, cumin et nigelle

Comme toutes les premières civilisations sédentaires, c’est au bord d’un fleuve légendaire, le Nil que s’organise l’agriculture de l’Égypte antique. Et Ḥ’pī(le nom du nil en langue égyptienne , prononcez hapy) prodigue généreusement son limon fertile : blé, orge, fruits, vigne, légumineuses (notamment la lentille) , légumes variés avec forte profusion d’ail, d’oignon et de poireaux comme nous l’avons vu dans les épisodes précédents de ce blog, prospèrent joyeusement.

Grace à cette abondance, la brillante civilisation pharaonique  révolutionne l’art de la gastronomie. Ainsi les égyptiens sont les premiers semblent-ils à faire usage d’huile végétale pour cuire leurs aliments , tout en faisant  une percée majeure dans la science de la fermentation avec les premiers pains au levain. Car oui ami lecteur, jusque là l’humanité ne connaissait que d’humbles galettes raplaties ou de maussades  bouillies  brunâtres à base de céréales : les joies de la mie alvéolée ont du attendre l’ombre des pyramides pour s’inviter à table !

L’alimentation prend alors un rôle crucial dans cette civilisation brillante,  inspirant cette citation du pharaon Kheti 1^er s’adressant à son fils Mérikarê : « Un pauvre peut devenir un ennemi, un homme qui vit dans le besoin peut devenir un rebelle. On calme une foule qui se rebelle avec de la nourriture ; quand la multitude est en colère on la dirige vers le grenier ». Sun Tzu et son art de la guerre n’ont qu’à bien se tenir !

Cette importance est telle qu’elle se ressent également au niveau de l’écriture: selon la grammaire égyptienne, le hiéroglyphe ‘A2 ‘ qui représente un homme assis, la main à la bouche signifie à la fois ‘manger, boire, parler, se taire, penser, aimer, haïr « selon les autres signes accolés !

En somme, manger c’est vivre selon nos adeptes de la pyramide : je ne peux que souscrire à tant de sagesse.

Rendons donc hommage à ces révolutionnaires gastronomiques avec ma petite recette du jour qui se propose d’utiliser les restes  pour bricoler des naans parfumés et d’un orange éclatant, inspirés plus par la vallée de l’indus que celle du  Nil. Un  yaourt qui traînait, une patate douce qui se morfondait, une soudaine envie de pétrir : il ne m’en fallait pas plus pour me lancer dans ces naans réjouissants à l’œil et au palais.

Pour 10 à 12  naans :

• 1 patate douce orange , cuite et écrasée à la fourchette (environ 200g)
• 400g de farine bio blanc T65
• 200g de farine de blé complète bio (T80 ou T110)
• 2 c à s de graines de nigelle
• 2 c à s de graines de cumin
• 125g de yaourt à la grecque
• 3  c à s d’huile d’olive +1 c à s pour le saladier de levée
• 3 c a soupe d’eau tiède
• 1 cc de levure chimique
• 2 cc de levure boulangère déshydratée
• 8g de sel fin
• 1 cc de sucre

Mélangez la levure avec le sucre et l’eau tiède et laissez reposer 15 mn jusqu’à ce que le mélange ait doublé de volume

Mélangez les farines,,les épices, le sel ,la levure chimique, la patate douce, le yaourt et l’huile : ajoutez le mélange de levure puis pétrissez à la main ou au robot pendant 20 à 25 mn jusqu’à ce que la pâte soit lisse et sans grumeaux. N’hésitez pas à rajouter un peu d’eau si la pâte est trop sèche (ou un peu de farine dans le cas inverse)car cela dépend du pouvoir absorbant de la farine et de la teneur en eau de la patate douce. Formez la pâte en boule.

Huilez légèrement un grand saladier,disposez la boule de pâte, couvrez avec un linge propre et laissez lever dans un endroit tiède et à l’abri des courants d’air pendant environ une heure où jusqu’ à ce que la pâte ait doublé de volume.

Sur un plan de travail légèrement fariné, dégagez la pâte délicatement avec les mains. Formez un grand rouleau de pâte façon saucisson que vous détaillerez en 10 à 12 pâtons (ou plus petits selon votre convenance) à l’aide d »un coupe-pâte ou d’un grand couteau aiguisé.

Formez les pâtons en petites boules puis abaissez chaque boule en disque plat avec un rouleau à pâtisserie.

Chauffez une grande poêle antiadhésive à feu moyennement fort ( 6 à 7 sur induction) : faites cuire les naans 2-3 minutes de chaque côté (en général on sait qu’il est temps de les retourner quand de petites bulles de gaz se forment à la surface). C’est prêt !

Sachez enfin que ces naans se conservent très bien au congélateur.