Salade de jeunes betteraves rôties au bleu et aux noix, bâtonnets de polenta au persil
par Hind
On y glorifierait l’absurde et on y porterait l’insignifiance aux nues. La pertinence serait bannie, l’inutile célébré, l’impossible exalté.
Dans le département des adynata (de « adynaton » : impossible en grec), on étudierait l’histoire de la roue dans les empires précolombiens, l’usage de la tomate dans la cuisine médiévale écossaise, l’imprimerie aztèque, l’iconologie braille ou encore la dendrologie (étude de l’âge des arbres ) islandaise.
Dans le département des oxymoronica (d’oxymore : l’art d’associer un mot et son contraire) on se passionnerait pour l’urbanisme nomadique, l’agoraphobie dans le désert ; on détaillerait la logique binaire du milieu, les coiffures pour chauves et on creuserait la musique symphonique dans l’espace à moins que ce ne soit l’individualisme des fourmis.
On ferait des thèses entières sur la potiosection (l’art de couper le bouillon) ou encore l’Avunculogratulation (consistant à construire des machines pour saluer sa tante) pour peu que l’on s’inscrive au département des Tetrapiloctomies(l’art de couper un cheveu en quatre).
Ah la formidable université que voilà ! Une université des sciences de l’inutile capable d’augmenter sans fin les disciplines de l’irrationalité, prônant l’absence de pertinence comme fin en soi et multipliant les techniques de l’ineptie : tentant, ami lecteur, n’est-ce pas ?
Oui certains d’entre vous l’auront peut-être deviné : j’étais en train de relire le réjouissant ‘ Pendule de Foucault ‘ d’Umberto Eco et j’en étais arrivé au chapitre douze où nos héros de la maison d’édition Garamond (Casaubon, Belbo Et diotavelli) s’amusent à initier une réforme du savoir en fondant une » une faculté de l’insignifiance comparée où on peut étudier des matières inutiles ou impossibles. »
Je riais de bon cœur aux pages décrivant cette jubilatoire réforme du savoir ce qui m’a amené à en créer quelques-unes dans la liste ci-dessus tout en citant mes préférées dans ce roman érudit. Ces pages m’amenèrent aussi à cuisiner de la polenta qui sommeillait depuis un temps incertain dans mes placards, par une association d’idées aux clichés assumés (Umberto, Italie du Nord, Polenta ahum…).
J’en ai aussi profité pour faire un sort à un bouquet de jeunes betteraves car oui en juillet nous sommes bien en pleine saison de la betterave rouge, ami lecteur : elles sont encore petites, croquantes sous la dent et vendues avec leurs feuilles chez les maraichers biologiques. C’est l’occasion de se régaler de jeunes et sensuelles racines peu terreuses et de consommer les tiges et les feuilles (excellentes dans un bouillon ramen par exemple, comme dans ma recette ici).
Polentons fissa et n’oubliez pas d’inventer vos sciences de l’université de l’absurde tout en touillant !
Pour 2 personnes
Pour la salade de betteraves au bleu :
- 4 à 5 jeunes betteraves rouges
- 100g de fromage bleu (roquefort,stilton,fourme d’ambert …)
- 80g de noix
- Quelques feuilles de salade (feuille de chêne rouge ici)
- Une lichette d’huile d’olive pour la cuisson des betteraves
Vinaigrette à l’huile de noix
- 2 c à s de vinaigre de cidre
- 1 c à s de miel
- 4 c à s d’huile de noix
- 1 petit oignon rouge
- 2 à 3 c à s de feuilles de céleri vert hachées (ou à défaut de persil)
Pour les « frites » de polenta au persil :
- 100 de polenta bio (la normale de grâce pas l’instantanée, bien plus gouteuse)
- 500ml de bouillon de légume
- 50g de parmesan fraichement râpé
- Un petit bouquet de persil haché
- Sel,poivre
- Un peu d’huile d’olive pour la cuisson de la polenta une fois durcie.
Commençons par la polenta : portez à ébullition le bouillon de légume dans une grande casserole, ajoutez la polenta en pluie en fouettant. Faites cuire pendant environ 45 minutes en touillant de temps à autre au fouet.
Pendant ce temps préchauffez le four à 180°C, badigeonnez les betteraves d’une lichette d’huile d’olive et enveloppez les individuellement dans du papier cuisson ou du papier aluminium : faites rôtir au four une heure à une heure 15 selon la taille des bestioles. (Vous pouvez aussi rôtir les betteraves la veille pour le lendemain et les conserver au réfrigérateur).
Revenons à notre polenta : en fin de cuisson salez, poivrez, ajoutez le parmesan et les herbes puis étalez la semoule de mais dans un plat carré légèrement huilé. Laissez tiédir puis réservez au frais pendant au moins 30 minutes afin de durcir la polenta.
Revenons aux betteraves : laissez tiédir les racines avant de les peler et de les couper en deux. Emiettez le bleu, hachez les noix et coupez les feuilles de salade en chiffonnade. Mélangez tous les ingrédients de la vinaigrette et secouez comme un malpropre.
Au moment de servir coupez la polenta en bâtonnets et faites dorez à la poêle dans 1 à 2 c à s d’huile d’olive 4 à 5 minute de chaque côté jusqu’à ce qu’elle croustille.
Disposez les betteraves sur la chiffonnade de laitue, saupoudrez de fromage et de noix avant d’arrosez avec la vinaigrette servez avec la polenta chaude ou tiède.
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