Velouté de betteraves rouges aux poires et aux amandes

« Mon nom est Shabnam, et toi, quel est ton nom ? » chantait perfidement Bindu, affriolante actrice gujarati dans un grand classique indien des seventies, Kati Patang, autrement dit , « le cerf-volant à la dérive». Magnifique programme en perspective avec toutes les promesses d’un honnête mélodrame.

Sombre histoire d’usurpation d’identité et grand film masala, Kati Patang est surtout connu pour ses chansons tubesques créées par le grand R.D Burman, génial compositeur de films hindis de la grande époque capable de mélanger rock, twist, rumba et autres rythmes disco avec des musiques indiennes traditionnelles .

Admirons dans « Mera naam hai Shabnam », le rythme endiablé et les halètements masculins sans complexes (à partir de la 30^ème seconde sur la vidéo) sans parler de l’inénarrable combinaison glitter de Bindu, la scélérate de cet opus psychédélique qui malmène notre gentille héroïne jouée par Asha Pareck, autre figure connue du Bollywood seventies.

Bon, évidemment, remettons les bindis au milieu des fronts en sueur,ce n’est pas Bindu qui chante vraiment mais Asha Boshle, l’une des plus grandes chanteuses play back que la terre ait jamais porté avec plus de 12000 chansons et 950 films à son actif. Excusez du peu !Par ailleurs épouse du dit R.D Burman(ça aide), Asha était venu se produire à Bruxelles où j’avais eu la chance d’assister à son concert : du haut de ses 80 printemps et quelques cette brave dame avait réussi à mettre la salle et moi-même en transe ,c’est vous dire !

Mais quel est le rapport avec ce potage à la betterave ,me direz-vous à juste titre ,amis lecteurs ? Il tient en un mot : microbes !

Assaillie par une sinusitorhinomachin, je m’apprêtais à me soigner à ma façon : un bollywood de trois heures au moins (sans compter l’interlude) et une soupe revigorante. L’avantage avec un bon massala c’est que même si on dort un peu au milieu de l’histoire, ce n’est pas trop grave du moment qu’on ne rate pas le plus important : les chansons ! Et pour aller avec la tenue chatoyante de Bindu, il fallait une potage qui claque, qui détonne, qui envoie de la couleur, bref qui nous sauve de l’ennui microbien. La betterave me semblait tout indiquée.

Emportée par ce grand élan de lucidité ,quelques poires et amandes plus tard ,voici donc ce potage qui peut se consommer aussi bien froid que chaud, avec par exemple du pain de seigle et un peu de fromage de chèvre ou de brebis. Et comme dirait Bindu , heu enfin Asha :

Ta Ra Ru Ru Ta Ra…..
Ta Ra Ru Ru Ta Ra…..
Ta Ra Ru Ru Ta Ra Ra Ra Ru Ya !

Pour le potage :

• 700g de betteraves rouges crues non pelées
• 1 feuille de laurier sec
• 2 petites poires fermes (environ 300g)
• 2 c à s d’amandes avec peau
• 2 branches de céleri vert avec feuilles
• 1 pomme de terre
• 1 carotte
• 1 oignon rouge
• 2 gousses d’ail pelées
• 1 l de bouillon de légumes
• 2  cc de graines de fenouil
• 2 c à s de vinaigre balsamique
• 4 c à s de crème fraiche liquide
• 1 lichette d’huile d’olive pour la cuisson

Condiment:

• 1 petite poire ferme
• 1 petite betterave rouge pelée
• 1 tige de céleri vert avec feuilles
• 4 c à s d’amandes avec peau,
• Le zeste et le jus d’un demi citron
• 2 c à s d’huile d’olive
• Sel, poivre
• Yaourt à la grecque (facultatif)

Sus à la rave félonne (sous l’influence de Bindu) : faites cuire les betteraves avec leur peau pendant environ 40 mn à 1 h à l’eau bouillante salée additionnée de la feuille de laurier sec ou à la vapeur. Si vous optez pour l’eau prévoyez une grande quantité car la fourbe betterave absorbe très vite.Percez avec un couteau pour vérifier la cuisson car la taille des bestioles peut varier et donc influer sur le temps de cuisson. Il faut toujours cuire les betteraves avec peau pour une meilleure consistance de la chair et une cuisson plus homogène. Égouttez puis laissez tiédir avant de les peler

Pendant que la rave se meurt, pelez la carotte, la pomme de terre et l’oignon, et ciselez tout ce petit monde . Faites un sort aussi au céleri vert en éminçant les tiges et en hachant grossièrement les feuilles.

Chauffez 2 c à s d’huile d’olive dans une marmite à couvercle, jetez sans crier gare la carotte, la pomme de terre, l’oignon, le céleri, tiges et feuilles comprises, les amandes, l’ail ainsi que les graines de fenouil. Mouillez avec le bouillon de légumes, salez, poivrez et portez à ébullition. Couvrez et baissez le feu avant de mijoter pendant une vingtaine de minutes.

Pelez les betteraves, débitez en cubes puis ajoutez-les dans le bouillon avec 1 à c s de vinaigre balsamique. Coupez les poires en deux, épépinez puis détaillez-les en dés (en laissant la peau car ici elles sont bio) avant de les envoyer rejoindre leurs copines betteraves dans le bouillon. Mitonnez cinq minutes à feu doux le temps que les saveurs se mêlent puis hors du feu mixez longuement avec la crème fraiche de façon à obtenir une texture veloutée. N’hésitez pas à ajuster la consistance avec un peu d’eau selon que vous voulez un potage plus ou moins épais: ici les quantités sont indiquées pour un velouté assez crémeux.

Pour le petit condiment de finition : détaillez la poire et la betterave en brunoise, hachez le céleri vert feuilles et tiges comprises. Torréfiez les amandes à sec dans une poêle pendant 5 minutes à feu moyen, puis hachez grossièrement. Mélangez les dés de poires, de betterave,les amandes et le céleri, assaisonnez avec le jus et le zeste de citron ainsi que l’huile d’olive. Salez, poivrez  généreusement et réservez au frais jusqu’au moment de servir. Vous pouvez rajouter une lichette de yaourt au moment de servir pour accentuer le contraste chaud froid et apporter une pointe d’acidité supplémentaire.

Servez ce potage chaud ou froid avec le petit condiment et quelques cuillerées de yaourt à la grecque si le cœur vous en dit. Une tranche de pain de seigle avec un peu de fromage de chèvre fera un bon complément.Et que la force du Ta Ra Ru soit avec vous.