Tomates confites au romarin et à l’ail
par Hind
Nous sommes en 1893 et un suspense terrible agite les tribunaux américains. En effet outre atlantique, un étonnant et rare procès met à rude épreuve les facultés de jugement de la cour suprême. Un énième gangster véreux ? un scandale politique ? Un meurtre sordide ? Non rien de tout cela, nous avons tout bonnement affaire au procès d’une célèbre solanée, alias la tomate.
En effet dans l’affaire Nix vs Hedden, la tomate se trouva placée au cœur d’un enjeu économique magistral : il fallait absolument savoir si notre pulpeuse pomme d’amour était un fruit ou un légume !
Question on ne peut plus cruciale. Loin d’être une simple querelle de botanistes fiévreux, il s’agissait de décréter une fois pour toutes s’il fallait bien prélever une taxe de 10% conformément au règlement douanier du port de New York sur les importations de légumes, tandis que le même règlement prévoyait l’exonération de taxes pour tous les fruits.
La famille Nix, commerçants pointilleux, proclamant donc que la tomate était un fruit (tout à fait correct d’un point de vue botanique), porta plainte contre Edward Hedden, trésorier du port de New York qui soutenait mordicus que la tomate était un légume, selon l’usage commun du terme légume.
Après moult débats ou une pléthore de dictionnaire et de savants fut convoquée, la cour trancha en déclarant : « D’un point de vue botanique, c’est un fruit comme les courges, concombres, haricots, pois ; cependant pour les marchands comme pour les consommateurs, la tomate est un légume[…] »
La botanique s’inclina devant l’économie.
Loin des procès tonitruants, intéressons-nous de nouveau à ce fruit dans une recette, que dis-je presque une non-recette, toute en sobriété heureuse.
La tomate va confire amoureusement dans un léger bain d’huile d’olive tout en se gorgeant de parfums de romarin et d’ail. Le résultat est une chair fondante et un jus à l’huile d’olive que l’on a envie de verser sur tout ce qui bouge : pasta, riz, pain, polenta et j’en passe. J’ai personnellement coupé les tomates une fois confites en gros dés et mélangé la chair avec un peu d’huile de cuisson sur des tagliatelles fraichement cuites tout en ajoutant la pulpe d’ail qui accompagnait le confit. Mais sur une simple tartine de pain avec quelques tranches de crottin de chèvre, le résultat est tout aussi jouissif, surtout quand oui , il y a un peu de jus qui coule sur le menton. Nous sommes entre nous.
Le bonheur des choses simples.
Tout véhicule sauçant sera le bienvenu pour accueillir ce confit. C’est une recette pour magnifier toutes les tomates mêmes les plus ingrates : le confit pardonne tout. Si vous avez choisi des tomates cerises gardez-les entières et surveillez la cuisson : elles seront prêtes bien plus tôt.
C’est encore meilleur le lendemain, quand les tomates ont baigné tranquillement et au frais dans leur jus parfumé. Conservez-les au frais avec leur huile de cuisson pendant 3 à 4 jours maximum dans un récipient hermétique.
L’honneur retrouvé d’un fruit injustement classé est sauf !
Pour 2 personnes:
- 7-8 tomates (environ 1kg,de différentes variétés c’est encore mieux)
- 60 à 80 ml d’huile d’olive (selon la taille de votre plat)
- 4 à 5 gousses d’ail avec peau
- 3 feuilles de laurier séché
- 2 à 3 branches de romarin frais (ou de thym ou d’origan, pourvu que ce soit frais)
- 1 cc de gros sel
- une pincée de sel fin
- 1 cc de sucre
- Poivre du moulin
Préchauffez le four à 150°
Lave et séchez les tomates avant de les couper en deux, sauf pour les petits calibres types tomates cerises qu’il vaut mieux laisser entières.
Versez l’huile d’olive dans un plat : l’idée n’est pas d’immerger totalement les tomates dans l’huile mais d’avoir un petit fond qui couvre toute la surface du plat .
Saupoudrez de gros sel et de poivre du moulin et ajoutez le laurier ainsi que le romarin
Disposez les tomates (côté coupé vers les bas) dans le plat ainsi que l’ail entier dans les interstices restant. Saupoudrez de sucre et d’une pincée de sel fin.
Enfournez pour environ une heure voire un peu moins en fonction de la maturité de vos tomates.
Une fois que les tomates sont bien tendres, sortez du four et laissez tiédir dans leur plat de cuisson. Vous pouvez les déguster le jour même mais c’est encore meilleur le lendemain, après une nuit au réfrigérateur .Enfin si votre résistance le permet, bien entendu.
Pour les conserver, transvasez tomates, huile de cuisson et aromates dans un récipient hermétique. Elles tiendront 3 à 4 jours maximum.Vous pouvez utiliser les tomates sans leur huile ou l’inverse ou les deux, ou tout simplement avaler le tout à la petite cuillère.
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