Kimchi de chou-rave

Kimchi de chou-rave
Hind
par

Le kimchi peut-il sauver des vies ? un gangster peut-il trouver  la rédemption grâce à la cuisine ? Peut-on reconstruire une famille en pliant savamment des lanières de radis blanc ? Que faire quand vous rêviez de devenir un grand chef à la française et que vous vous retrouvez à la tête d’un restaurant coréen traditionnel dans une cambrousse isolée aux paysages affolants ?

Fermentation family aka Kimchi Family aka Balhyo Kajok!

Ami lecteur ; si vous vous êtes déjà posé ce genre de questions existentielles(on n’en doute pas, ahum), alors « Fermentation family » encore nommé « Kimchi family » est fait pour vous : laissez tomber incessamment toute activité utile donc peu intéressante pour vous intéresser séance tenante à ce k-drama (feuilleton coréen) réjouissant.

De quoi ça cause, me direz-vous ?

Kimchi Family c’est d’abord l’histoire des deux sœurs Lee : Lee Kan san et Lee woo joo. La cadette,kan san, a quitté le cocon familial il y a belle lurette pour se former à la cuisine dite ‘occidentale’ dans l’espoir de devenir un grand chef. L’aînée, Woo Joo, a toujours refusé de quitter le restaurant familial Chunjiin (littéralement Paradis, Terre, homme) situé dans une région montagneuse isolée. Chunjiin est tenu de main ferme est virtuose par  Mr Lee, le père de nos héroïnes , dont la spécialité est la cuisine végétarienne et plus particulièrement le Kimchi sous toutes ses formes et en toute saison.

Mais « Kimchi Family » ,c’est aussi la vie de Ki Ho Tae, un gangster » badass » au grand cœur dont l’existence est torturée par une quête des origines jusque-là infructueuse : orphelin très tôt, Ho Tae a des réminiscences de montagnes , de cuisine familiale et de promenades en forêts mais aucune image de ce père à la voix grave qui l’a un jour abandonné dans un orphelinat de passage. Signe particulier : Sous sa moustache mal famée,Hoe Tae a un goût du palais exceptionnel lui permettant de déceler la moindre anomalie dans n’importe quel plat cuisiné.

Evidemment le Deux ex machina va s’en mêler : voici que le restaurant de la famille Lee ,criblé de dettes ,se retrouve menacé par une multinationale agroalimentaire qui voudrait transformer la région en complexe culinaro-touristique. Voici que Lee Kan San perd son boulot de chef tandis que le père Lee disparaît du domicile familial sans laisser de trace. Et voici que Ki Ho tae file un très mauvais coton avec sa mafia préférée : ayant eu l’obligeance toute diplomatique de donner une raclée à son boss, Hoe tae n’a d’autres choix que de fuir la capitale pour se mettre au vert, au propre comme au figuré.

Tout ce petit monde se retrouve bien entendu dans le fameux restaurant ‘Paradis, Terre Homme’ que Hoe Tae semble mystérieusement reconnaître tandis que Lee Kan San devient responsable de l’avenir familial. Et c’est partir pour 24 épisodes trépidants !

Pourquoi faut-il voir Kimchi family ?

D’abord à cause des personnages, y compris secondaires, tous plus attachants les uns que les autres. On se passionne pour le combat des sœurs Lee pour préserver les secrets du restaurant de tradition et tenir bon face aux entrepreneurs sans scrupules. On s’entiche de notre gangster gourmet et de sa quête touchante d’une enfance à jamais perdue. Sans compter la ribambelle de personnages secondaires : l’oncle taciturne, le spécialiste de médecine orientale toujours trop curieux, le vieillard solitaire qui prend tous ses repas au restaurant, la fillette orpheline au sourire bouleversant recueillie par la famille Lee etc.

je veux habiter là.

Ensuite pour la beauté des paysages tout simplement époustouflants : dès le premier épisode j’avais envie de faire ma valise pour aller cuisiner avec la famille Lee dans leur Hanok( maison traditionnelle coréenne) loin des tours en verre et des PowerPoint perfides ! Et moi aussi, comme Ho Tae ,je voulais faire la sieste au milieu des jarres traditionnelles de Kimchi !

Une sieste idéale.

Il y a aussi le rythme de ce Drama : malgré quelques bonnes scènes de baston offertes par notre gangster favori, le rythme est posé,d’une lenteur séductrice, le feuilleton réussit à  trouver le bon tempo pour suivre chaque personnage, pour décrire la fuite du temps , les histoires uniques des clients de chaque épisode,le bonheur des choses simples , les douleurs et les joies quotidiennes sans tomber ni dans le mélodrame  outrancier ni dans l’ascétisme de bon aloi. Au contraire le drama est souvent très drôle grâce notamment aux scènes cocasses provoquées par Ki Ho Tae. Le tout se double d’un suspense bien soutenu quant aux origines familiales de notre gangster au grand coeur.

Ce drama donne faim!

Et enfin, bien entendu, la becquetance plus qu’alléchante qui fait que ce drama donne faim, tout le temps, même après le meilleur gueuleton de votre vie. A chaque épisode, les sœurs Lee présentent un kimchi différent et en font une métaphore de l’existence : la vie et la nourriture s’entremêlent dans une symphonie joyeuse qui fait du bien au cœur et à l’âme.

Et donc à force de regarder il arriva ce qui devait arriver : je me suis rendu compte que ça faisait longtemps que je n’avais pas fait de Kimchi ! O rage o désespoir, o fermentation amie ! Ni une ni deux, je m’emparai d’un légume de saison et du premier bocal en verre pour m’adonner frénétiquement au ‘kimchisme’ avant de replonger dans l’épisode suivant.

Je jetai mon dévolu sur le chou rave, oui ,ce fameux légume martien aux excroissances plus que douteuses qui s’est construit une solide réputation de provocateur d’ennui compact. Mais vous le savez ce blog a pour mission de voler aux secours des légumes mal-aimés et injustement malmenés : le croquant et réjouissant (oui osons le mot) chou rave en fait partie.

Kimchi family ou l’art du légume.Ici le kimchi de légumes variés au nori et à la fleur de gardénia séchée (qui donne sa belle couleur jaune à l’enveloppe de radis)

Et il n’est plus question d’ennui quand le chou rave rencontre le kimchi ! J’ai choisi comme base de départ une recette de kimchi de radis blanc (un légume très populaire en Corée), repérée dans « Korean Food Made simple», pour l’adapter à notre chou du cru. Et pour en savoir plus sur la petite histoire du kimchi je vous renvoie à mon article ici.

Pour un bocal en verre de 2,2 l environ:

  • 1,25 kg de chou-rave pelé et coupé en gros dés(2 cm de côté environ)
  • 2 c à s de gros sel marin (sel de Guérande chez moi)
  • 1 c à s de farine de riz
  • 1 petite échalote coupée en brunoise
  • 5 gousses d’ail
  • 1/2 poivron rouge épépiné et coupé en dés(facultatif mais apporte un peu de douceur à l’assaisonnement)
  • 2 petits piments rouges frais (j’utilise de petits piments thaïlandais), épépinés (ou pas si vous voulez encore plus de piquant !)
  • 3 c à s de gochugaru (poudre de piment coréen, en vente en épicerie asiatique)
  • 2 c à s de fish sauce (nam pla, en vente aussi en épicerie asiatique)
  • 2 c à s de sucre brun non raffiné(en vente dans tous les magasins bio)
  • 2 cm de gingembre frais pelé et émincé.
  • 4 à 5 tiges d’oignons nouveaux émincés, vert et blanc compris

 

Commençons par faire dégorgez le chou : dans un grand saladier mélangez le chou et le gros sel. Laissez reposer 1h environ en remuant tous les quarts d’heures. Le chou va se départir de son eau qui va servir de liquide de fermentation. Donc il ne faut surtout pas l’égoutter.

Pendant ce temps mélangez la farine de riz avec 6 c à soupes d’eau dans un petit poêlon. Faites cuire le mélange à feu moyen en touillant sans cesse pendant 5 mn. Laissez refroidir hors du feu. (Résistez à la tentation de mélangez la bouillie brûlante aux restes des ingrédients)

Dans le bol de votre mixer, jetez nonchalamment le poivron rouge, l’échalote, les piments, l’ail, le gochugaru, la sauce de poisson, le sucre et le gingembre avec 5 c à s d’eau. Mixez diligemment jusqu’à ce que la pâte soit bien lisse

Hors du mixer, ajoutez le mélange de farine de riz refroidi et les oignons nouveaux.

C’est le moment de verser le tout dans le bol de chou et de touiller le tout intimement pour bien faire pénétrer les ingrédients. Massez, malaxez délicatement avec le meilleur outil du monde: les mains.

Versez le tout dans un bocal en verre (ou plusieurs bocaux )en tassant bien : le liquide doit recouvrir les légumes. On pet s’aider d’une petite pierre ou d’un morceau de céramique pour bien tasser. Fermez hermétiquement et laissez reposer dans un endroit frais (cave par exemple) pendant 24h ou à température ambiante pendant 16 h.

Conservez ensuite au réfrigérateur : il faut attendre ensuite au moins 5 jours avant de commencer à consommer ce kimchi détonnant ! Ne prélevez que la quantité destinée à votre consommation, avec une cuillère propre et en refermant le bocal aussitôt.

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Commentaires

  1. Luc a écrit: 17 juin 2018 à 3:27

    Waouw ! Grandiose. Je suis fan et cuistouilleur) de ferment things. Y-a-t-il une recette et méthode step by step qui correspondrait à ce superbe « kimchi de légumes à la fleur de gardénia séchée » ?Ou est-ce extrait de la série ?
    Merci !

    • Salut Luc:) Oui c’est extrait de la série Kimchi Family:je vais tenter de la reconstituer d’après le drama même s’ils ne donnent pas de recette précise:) Stay tuned!

  2. […] et célébrons le printemps naissant avec ces pajeons à ma façon : j’y ai rajouté du kimchi (mon  kimchi de chou rave que je prépare régulièrement) pour corser l’affaire mais vous pouvez vous en passer ou opter […]

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