Biscuits aux deux gingembres

Biscuits aux deux gingembres
Hind
par

Ca faisait TatacTatoum ,Tatactatoum dans le train sous la manche.

Puis ça faisait ‘plic, plic, plic’ puis très ‘ploc ,ploc, ploc’sous les « showers » engloutis par le brouillard londonien(qui lui était silencieux, voire perfide diront  certains).

Puis ça enchainait sur des « mind the gap » et des « stay on the right, walk on the left » d’une voix policée so british , dans le ‘underground’ centenaire.

Puis il y avait des ‘gloups’ et des ‘brr’ face à la toujours inquiétante tour de Londres et des esprits  enflammés qui faisaient ‘shebam, pow ,wizz’ en s’imaginant dans un roman de Dickens dans la toujours très médiévale capitale de l’Albion.

Puis il  pleuvait  toujours des chiens et des chats quand on se faisait cueillir par le majestueux ‘Ding Dong Dang Dong’ de Big Ben, hélas muette pour quelques années de travaux aujourd’hui ;avant de scander des ‘oumpf’ et des ‘pfiou’ dans la foule tentaculaire.

Et puis il y avait le poids de l’histoire qui faisait ‘crac’, ‘chtong’, ‘sproutch’ quand on se perdait avec ravissement dans l’immense British Museum.

Et ça débitait des ‘oh’ et des ‘ah’ et aussi des ‘wawouh’ dans l’incroyable café du  non moins ébouriffant Victoria and Albert Museum  et ses céramiques murales époustouflantes où le tea time se dégustait avec la solennité nécessaire. Et ça faisait  ‘slurp’ face à la première gorgée de thé tant  attendue et des ‘snap ! crac ! croc !’  dans les « ginger biscuits » avec leur chaleur poivrée. Les ginger biscuits : tout un poème ! Le parfum du gingembre moulu, le croquant du sablé, la morsure du petit morceau de gingembre cristallisé, l’arôme au gout de réglisse et d’oléagineux du sucre brun : les ginger snaps étaient devenus mon péché mignon à chaque séjour londonien.

Ah c’est que j’en ai ramené des cargaisons de ces biscuits à chaque escapade outre-manche! Jusqu’à ce qu’un jour l’idée de les faire moi-même me parut bien plus simple ,surtout en ayant croisé l’article de Felicity Cloacke  extrait de sa formidable rubrique « How to cook  the perfect … »  dans le foisonnant The Guardian.

Felicity exerce véritablement un métier de rêve (enfin à mes yeux) : chaque semaine elle s’attaque à un monument du répertoire culinaire british ou mondial (elle a suscité des débats passionnés sur ses penne à l’arrabiata) en jouant au parfait petit stakhanoviste. Felicity essaie en effet différentes variantes de la recette en suivant une pléthore de chefs ou d’ouvrages  et commente avec la plus grande abnégation ses expérimentations avant d’arriver à la version parfaite (selon elle bien sûr). C’est une rubrique à la fois drôle, instructive et passionnante comme seuls les britanniques semblent capables de produire. Un comble pour un peuple accusé des méfaits gastronomiques les plus divers !

Ces biscuits se conservent en boite hermétique jusqu’à une semaine et se congèlent très bien sinon.

Amis  du gingembre, à vos rouleaux à pâtisserie ! Voici mon adaptation de la recette :

Pour une trentaine de biscuits :

  • 250g de farine à pâtisserie (t65 en bio)
  • 125g de beurre (coupé en gros dés)
  • 150g de sucre muscovado ou rapadura (Felicity utilise du demerara qui donne des biscuits plus secs)
  • 80g de mélasse (en vente dans tous les magasins bio, rayons sucre)
  • 75g de gingembre cristallisé au sucre
  • 4 cc de gingembre moulu
  • 1 cc de cannelle
  • ¼ cc de noix de muscade fraichement râpée
  • ½ cc de bicarbonate de soude

Hachez finement le gingembre cristallisé

Dans un grand bol, mélangez d’abord tous les ingrédients secs : farine, épices, bicarbonate et sucre

Ajoutez ensuite le beurre petit à petit jusqu’à ce que le mélange soit sablonneux (au robot ou à la main) et enfin la mélasse et le gingembre cristallisé. Travaillez la pâte jusqu’à ce qu’une boule homogène se forme.

A l’aide d’un rouleau à pâtisserie, abaissez la pâte légèrement sur un plan de travail fariné (pas totalement, laissons-cela à la fin lors de la confection des biscuits) de façon à obtenir un gros disque. Enveloppez de film alimentaire et réservez au réfrigérateur pendant au moins deux heures (voire la veille pour le lendemain)

Au moment de confectionner les biscuits, préchauffez le four à à 150°C(chaleur tournante) et garnissez deux taques de papier sulfurisé

Sortez la pâte et laissez là revenir à température (environ 15-20 mn selon la chaleur de votre cuisine).

Abaissez la pâte finement sur un plan de travail fariné et découpez des biscuits à l’emporte-pièce : ronds, étoiles, nuages où en forme de … n’importe quoi ( je ne cesse d’encourager la créativité en cuisine sur ces pages, notamment la grande école du n’importenawakisme). Le tout est que vos créations soient à peu près aux mêmes dimensions pour avoir une cuisson uniforme.

Faites cuire vos œuvres 30 mn pour des biscuits croquants, 25 pour des biscuits plus mous. Laissez refroidir sur les taques pendant 10 mn avant de les disposer sur une grille et de les laissez refroidir complètement.

A vous les joies du tea time et de l’art du dunking !(action de plonger un biscuit dans un liquide chaud volontairement)

Gingembre cristallisé haché, pâte avant cuisson, et des étoiles prêtes à enfourner! (parce que foule sentimentale, attirée par les étoiles toussa toussa)

Gingembre cristallisé haché, pâte avant cuisson, et des étoiles prêtes à enfourner! (parce que foule sentimentale, attirée par les étoiles toussa toussa)

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