Salade de nouilles au thon, algues et légumes du jour, vinaigrette au miso et au gingembre
par Hind
Quelque part aux états unis, Ish, jeune étudiant en écologie , prépare une thèse sur l’écosystème de sa région natale. Ce travail l’amène à passer quelques jours en pleine montagne, loin de tout contact humain. Mordu par un serpent à sonnette, Ish tombe malade et reste souffrant plusieurs jours dans une cabane isolée. Ayant survécu au venin, il descend de son refuge pour rejoindre la civilisation.
C’est là que Ish découvre, stupéfait ,que pendant sa convalescence une pandémie mystérieuse a détruit toute forme de vie humaine. Villes désertes, silence assourdissant, animaux domestiques devenus sauvages : le jeune étudiant constate la disparition du monde tel qu’il l’a connu.
Comment Ish va-t-il réussir à survivre ? Est-il le seul survivant de la catastrophe ? comment rebâtir une civilisation nouvelle à partir des ruines de l’ancienne ? Toutes ces questions sont abordés dans le glaçant mais passionnant roman post apocalyptique de George Steward : la terre demeure. Cette dystopie relativement peu connue, est d’une modernité stupéfiante (le roman a été écrit en 1949) et d’une profondeur de réflexion fascinante : comment créer un monde nouveau ?
Amis lecteurs et cuisiniers, je n’aurais jamais cru me retrouver un jour dans un scénario de science fiction bien réel, moi qui chéris tant ce genre littéraire souvent sous-estimé. Voilà que ce roman lu il y a quelques mois, prenaient des accents bien réels !
Se réveiller un beau matin , sous un soleil insolent et printanier avec une sensation d’amertume en bouche et ce constat implacable : le confinement chez soi, réel, palpable, tangible. Non ce n’était pas un cauchemar solitaire, mais bien un cataclysme planétaire , un événement inouï qui contraignaient des millions d’être humains à se préoccuper désormais d’un but unique : la survie, en territoire restreint.
Dehors le temps semblait s’être arrêté : plus de cris d’enfants, plus de bruits de circulation, mais soudain j’entendais clairement les oiseaux s’égosiller dans la brise du printemps naissant. Nous cherchions le temps perdu, nous faisions face au temps retrouvé et au silence impérial. La mort rodait et les cerisiers fleurissaient : soudain nous faisions partie, impitoyablement, de nouveau de cette nature tant négligée.
Bien que d’un tempérament casanier et plutôt rat des bibliothèques que reine des dance floors, cette injonction implacable me frappa d’une sidération jusque-là inconnue : l’impossibilité de toucher l’autre, la fin du contact humain, la guerre contre un ennemi invisible et mortel, l’inanité de nos préoccupations habituelles ; tout cela me submergea d’un effroi soudain et douloureux.
Tout me parut d’un coup irrémédiablement dérisoire . Rien n’avait d’importance si je ne pouvais serrer mes parents ou ma sœur dans mes bras. Cuisiner n’avait pas de sens si je ne pouvais partager mes sensations culinaires avec ma famille ou mes amis. Tout projet professionnel perdait de son intérêt si son but n’était pas d’aider son prochain…
Paradoxalement, ce virus me parut servir de révélateur à tous nos dysfonctionnements : les inégalités n’en paraissaient que plus criantes, les incompétences plus intolérables, les discours creux devenaient insupportables, la course folle et arrogante vers le profit et la consommation semblaient totalement obsolètes face aux nécessités de base.
Mais dieu que le chant des oiseaux était doux à l’oreille.
Cette épidémie nous mettait à nu, et nous avions enfin le temps de nous poser les bonnes questions : qu’attendions-nous vraiment de nos sociétés ? qu’attendions-nous des autres et de nous même ? Pourquoi avions nous cédé aux sirènes du superficiel, de l’apparence , de l’éphémère ? Ces questionnements vertigineux prenaient soudain tout leur sens dans un monde quasi à l’arrêt, où l’essentiel se montrait sans fard à nos yeux.
Et en même temps je me sentais submergée d’un espoir tenace, l’espoir d’un monde différent à la fin de cette épreuve collective extraordinaire. En serions-nous capables ?
C’est armé de cet espoir que je suis retournée en cuisine où là encore le confinement mettait en relief des pratiques jadis considérées comme primesautières dans nos sociétés de l’abondance. Halte au gaspillage et au mépris des ingrédients humbles ! Le front des légumineuses souvent présent sur ces pages s’en trouva renforcé, sans parler de tous ces légumes dit modestes et qui se conservaient si bien. Si une recette nécessitait plus de deux œufs je m’en écartais aussitôt : je m’appliquai encore plus que d’habitude à ne gaspiller aucun reste , aucune miette. Et si le confinement accroissait notre bon sens y compris culinaire ?
La salade du jour fait la part belle aux légumes modestes : chou , betterave ,poireau s’en donnent à cœur joie. Car enfin convenons-en : l’on a rarement vu des files se former devant la dernière betterave du rayon ou des pugilats éclater autour d’un chou rave bonhomme. Bien sur vous avez tout le loisir d’utiliser d’autres légumes selon le contenu de vos réfrigérateurs, du moment que vous essayez de combiner des textures différentes.
Pour le reste des ingrédients, étant une aficionado de cuisine nippone j’ai toujours des algues séchées et de la pâte miso : non seulement ils offrent un intérêt nutritionnel certain mais ils se conservent très longtemps. Si vous n’en avez pas , pas de panique : la salade sera très bonne quand même.
Quand au nouilles, les udon renforcent l’aspect japonisant mais n’importe quelles pâtes feront l’affaire y compris des spaghettis : soyons créatifs en ces temps incertains.
Pour 4 personnes :
- 180g de nouilles udon (ou soba , ou ramen ou autres types de pâtes non japonaises type spaghetti ou linguini )
- 1 poignée d’algues séchées (ici wakamé)
- 1 c à s de sésame blond ou noir
- 200 g de thon à l’huile en boite
- 1 bouquet d’herbes : persil ou coriandre (sinon du basilic ou de la menthe feront bon ménage aussi)
Légumes du jour :
- Un chou rave
- 3 carottes (ici de couleur)
- 1 tige de céleri vert
- 2 petites betteraves ( tonda di chioggia ici d’où le fait que ma salade n’est pas colorée, mais toute betterave fera l’affaire)
- ½ chou pointu ou ¼ de chou blanc
- 1 poireau
Vinaigrette :
- 1 cm de gingembre frais râpé
- 1 gousse d’ail râpée
- 1 c à s de miso blanc (shiro miso)
- 1 c à s de sauce soja
- 2 c à s de vinaigre (de cidre ici)
- 2 c à s d’huile de sésame
- 2 c à s d’huile de tournesol ou de colza
- 1 c à s de sésame
- Poivre du moulin
Sus aux légumes ! pelez les carottes et le chou rave ainsi que les betteraves, avant de les râper finement. Gardez les épluchures pour un bouillon( vous pouvez les congeler si vous ne faites pas le bouillon de suite). Coupez le poireau en tronçon, puis chaque tronçons en allumettes fines. Détailler le chou et le céleri vert finement. Hachez les herbes du jour.
Plongez les algues séchées dans un grand volume d’eau froide pendant 10 mn : égouttez soigneusement puis émincez (ou coupez en tronçons).
Faites cuire le poireau à la vapeur pendant 5-6 mn. Réservez.
Faites cuire les nouilles selon les instructions de votre paquet : pour les udon il s’agit de 10 mn à partir de la reprise de l’ébullition. Egouttez .Si vous avez choisi des udon ou d’autres nouilles japonaises (soba/ramen) rincez à l’eau froide puis égouttez de nouveau. Laissez refroidir complètement
Ajoutez le thon en boite (avec un peu de son huile) et le sésame aux nouilles : mélangez délicatement.
Mélangez tous les ingrédients de la vinaigrette en fouettant soigneusement.
Mélangez tous les légumes ainsi que les algues avec les nouilles au thon, ajoutez le bouquet d’herbe haché, puis assaisonnez avec un peu de vinaigrette (ou laissez-la en saucière). Si vos betteraves sont rouges et que vous n’avez pas envie de colorer votre salade, ajoutez-les au dernier moment, sans mélangez avec le reste.
Dégustez aussitôt
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