Pilaf de riz rouge de Camargue aux fèves des marais et au chorizo
par Hind
Soient a et b les deux côtés formant l’angle droit d’un triangle rectangle, et c l’hypoténuse, le carré de la longueur de l’hypoténuse est alors égal à la somme des carrés des longueurs des côtés de l’angle droit, c’est-à-dire que c² = a² + b².
Oui je vous vois trembler dans les chaumières face à ces souvenirs de mathématiques scolaires : voici que s’offre à vous, lecteurs ébaubis,le célébrissime théorème de Pythagore, un des piliers de la géométrie Euclidienne que des millions de novices ont ânonné sans crier gare.
Ce théorème d’une somptueuse simplicité a permis entre autre d’énoncer la fameuse conjecture de Fermat, mais ceci est une autre histoire.
Notre philosophe et mathématicien grec a donc donné des sueurs froides à des générations d’écoliers ,peu sensibles au charme indiscret des angles droits. En revanche peu d’esprits curieux savent que l’illustre Pythagore fut terrassé par un champ de fèves. Oui les grands hommes connaissent souvent des fins pour le moins insolites.
Il semblerait donc que Pythagore et ses disciples aient conservé un tabou issu de l’Egypte antique : les prêtres d’Isis croyaient en effet dur comme fer que les âmes humaines, avant toute résurrection ,se logeaient dans une humble fève, rendant toute consommation de cette légumineuse impossible. L’étrange croyance que voilà alors que la fève était plus que populaire dans le reste du bassin méditerranéen notamment chez les berbères.
Perpétuant cette tradition pharaonique ,voilà que notre philosophe un brin superstitieux qui gambadait à travers monts et plaines, pour fuir entre autre des ennemis armés jusqu’aux dents suite à une émeute anti-pythagoricienne, se retrouve donc face à un champ de fèves. Refusant tout net de fouler la légumineuse sacrée, notre natif de Samos sera rattrapé par ses poursuivants et mis à mort sans pitié. Toutefois, l’histoire ne dit pas si ce conflit avait pour origine un traumatisme dus à de calculs savants d’hypoténuse. L’histoire ou plutôt les histoires car de nombreuses versions de la mort de Pythagore circulent sans aucune preuve irréfutable.
L’infortuné Pythagore avait bien tort de dédaigner ce trésor ! Car si la fève sèche offre moult merveilles culinaire, la fève fraîche des marais , héroïne de ma recette du jour, procure un émoi à nul autre pareil.
Songez donc : il y a d’abord le capiton vert pimpant de la cosse légèrement boursouflée comme les lèvres d’une amoureuse bouleversée . Et puis sous la cosse, blotties contre un velours blanc duveteux les fèves charnues et alanguies s’offrent au cuisinier en ayant presque l’air de se prélasser. Il faudra alors les déloger délicatement pour peut-être les dérober, c’est-à-dire enlever la gousse protectrice afin de découvrir la chair vibrante.
La fève est un poème printanier à elle toute seule.
J’ai choisi de la préparer en pilaf de riz aujourd’hui avec un brin de chorizo pour pimenter notre reine des vesces. J’affectionne particulièrement le riz rouge de camargue, un riz complet au gout de noisette qui croque agréablement sous la dent tout en étant riche en fibres et en antioxydants.
A vos cocottes !
Pour 4 personnes
- 200g de riz rouge de Camargue biologique
- 2 fois le volume du riz en bouillon de légumes ou de poulet(mesurer le riz avec un verre doseur)
- 1 kg de fèves fraiches
- 2 tiges de céleri vert
- 50 g de chorizo (doux ou piquant, à vous de décider)
- 2 gousses d’ail pilées avec un peu de sel
- ½ cc de piment frais épépiné et haché (facultatif)
- 3 tiges d’oignons nouveaux ou cébettes
- 1 petit oignon rouge
- 1 petit bouquet de persil plat ou de coriandre
- 1 c à s de graines de cumin ou 1 cc de cumin moulu.
- 2 c à s d’huile d’olive
Préchauffez votre four à 180°C et découpez un disque de papier sulfurisé du même diamètre que votre cocotte : vous avez raison, le théorème de Pythagore est totalement inutile lors de cette opération.
Hachez les tiges de cèleri vert et le persil avant d’émincer l’oignon rouge et les cébettes.
Coupez le chorizo en brunoise et lavez le riz avant de l’égoutter
Passez aux choses sérieuses : Ecossez les fèves en chantonnant et en admirant leur robe lustrée. C’est une méditation gratuite : profitez-en.
Dans une cocotte allant au four, faites dorez dans une lichette d’huile d’olive l’ail, le piment, l’oignon rouge et le céleri vert. Ajoutez le chorizo, le cumin et le riz et rissolez à feu moyen 3à 4 minutes. Salez légèrement (pour cause de bouillon à venir)
Mouillez avec le bouillon, déposez le disque de papier, couvrez et enfournez pour 50 minutes
Pendant ce temps blanchissez les fèves 5 minutes environ à l’eau bouillante légèrement salée. Egouttez soigneusement. Par la suite vous pouvez les dérober ou les laisser intactes : j’ai choisi un compromis en dépouillant les plus grosses et en laissant les féveroles habillées pour le printemps. Salez légèrement, poivrez et ajoutez une cc d’huile d’olive. Réservez
Sortez le riz du four et laissez reposer 10 minutes à couvert.
Découvrez votre œuvre et mélangez le riz chaud avec les fèves, les oignons nouveaux et le persil ou la coriandre. Aérez délicatement l’ensemble à la fourchette.
Dégustez sans attendre en accompagnement d’une viande ou en plat principal avec une belle salade de crudités.
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