Petits pains au yaourt et aux olives
par Hind
Athéna, la petite préférée de Zeus avait du pain sur la planche. En tant que déesse de la sagesse, de la stratégie militaire, des artisans, des artistes et des maitres d’école, sa journée de travail était longue comme un jour sans pain. On ergotera qu’il semble pour le moins étrange de s’occuper de raison , d’art et de stratégie militaire , tout cela en même temps, mais nous ne sommes pas à un paradoxe près dans la mythologie antique. Notons simplement que le débat sur le cumul des mandats n’est pas une idée récente.
Et voilà qu’un jour notre sémillante déesse se prit le chou avec un grand nerveux qui n’était autre que son oncle, Poséidon. L’objet de la querelle était la domination de l’attique, l’actuelle Athènes. En toute modestie. Oui les dieux grecs étaient plutôt remuants dans leur genre, se crêpant le chignon pour un rien et accessoirement provoquant des guerres centenaires par ci par là, selon l’adage Audiardien bien connu : « deux intellectuels assis vont moins loin qu’une brute qui marche ».(Un taxi pour Tobrouk)
Zeus qui se barbait dans son tiède olympe décida de jouer les arbitres : l’attique reviendrait à celui qui offrirait à l’homme le cadeau le plus utile. Quand Zeus parlait on n’avait pas trop le choix à l’époque, parce que quand les types de 130 kilos disent certaines choses, ceux de 60 kilos les écoutent (« 100 000 dollars aux soleils », du même Audiard). Enfin, je dis ça je dis rien, si ça se trouve Zeus était un petit nerveux imberbement coriace, et non un colosse barbu et majestueux comme l’imaginaire collectif se plait à l’ imaginer.
Poséidon, tout excité, ébranla la mer de son trident et fit naitre de l’écume un magnifique et fougueux étalon, pouvant porter invinciblement cavaliers et armes, tirer des chars et mener donc les hommes à une victoire certaines dans les batailles. Athéna, plus mesurée se contenta de gratter nonchalamment la terre d’où surgit un arbre étrangement noueux pouvant nourrir et soigner les hommes.
L’olivier était né.
Mais qui gagna le match se demande le lecteur alerte ? Athéna pardi, d’une courte tête et il paraîtrait même que ce sont les femmes de la région qui l’auraient fait gagner : plus nombreuses d’une voix dans cet attique très animé , elles auraient décrété qu’un olivier semblait plus utile qu’une énième rossinante grandiloquente. Zeus en effet n’avait pas voulu départager sa fille de son frère et avait subtilement délégué la décision à la population humaine. Il est comme ça ,Zeus, un peu lâche sur les bords : la barbe ne fait pas la grandeur.
Athènes était née aussi en passant, preuve de la reconnaissance humaine envers leur déesse préférée.
On s’en doute, Poséidon, un tantinet furieux eut du mal à digérer le verdict : il inonda fissa l’attique. Pour calmer ce dieu décidément très susceptible, les athéniens durent imposer aux femmes trois punitions : pas de droit de vote, aucun enfant ne pourrait porter le nom de sa mère et les femmes ne pourraient même pas se déclarer athéniennes. Ah quel bon sens pratique pour justifier une société patriarcale !
Ayons donc une pensée émue pour les athéniennes opprimées à chaque fois qu’en ouvrant le frigo on tombe sur des olives esseulées. Et accessoirement sur des yaourts ostracisés. L’occasion de jouer de nouveau le Mac Gyver des restes en bidouillant tout ça façon puzzle dans une pâte à pain très simple.
Ces petits pains aux olives accompagnent parfaitement les fromages et charcuteries ou des tartinades type hoummous mais se dévorent tout aussi bien seuls tant le parfum des herbes et des olives à la sortie du four est irrésistible.
Surtout ne choisissez pas des olives dénoyautées : certes il y a un peu d’huile de coude pour enlever les noyaux mais le goût est incomparable. Adieu paresse et à vos pétrins!
Pour environ 6 à 8 petits pains :
- 300g de farine à pain (froment blanc T65 bio ou un mélange de 250g froment T65 et 50g de farine complète)
- 150 g de yaourt entier
- 3 c à s d’huile d’olive
- ½ cc de sel
- 1 cc de miel
- 7 g de levure de boulanger sèche
- 50 ml d’eau tiède (ou un peu plus selon le pouvoir d’absorption des farines)
- 150 g d’olives (ici un mélange de noires et rouges)
- 2 c à s de thym frais (ou d’origan ou encore de sauge hachée)
- Un peu d’huile d’olive supplémentaire pour badigeonner la surface des pains et les saladiers pour la levée
Commençons par préchauffer le four à 200°C
Observons la levure se transformer en blob : mélangez la levure avec le miel et l’eau tiède et laissez gonfler pendant une dizaine de minutes.
Pendant ce temps mélangez la farine avec le sel. Incorporez le liquide à la levure, le yaourt et les 3 c à s d’huile d’olive. Touillez mollement et laissez reposer un petit quart d’heure avant de commencer les hostilités.
Pétrissez la pâte pendant 15 à 20 minutes au robot ou à la main (sur un plan de travail fariné) jusqu’à ce que le mélange devienne souple et élastique. N’hésitez pas à rajouter un peu d’eau tiède ou de farine si besoin selon le pouvoir d’absorption de votre farine. Formez en boule et déposez dans un saladier légèrement huilé. Couvrez de film alimentaire ou avec un chiffon propre et laissez lever loin des courants d’air pendant deux heures environ (où jusqu’à ce que la pâte ait doublé de volume)
Pendant ce temps, lambinez, trainez, buvez un petit verre et surtout profitez-en pour dénoyauter les olives et les hacher grossièrement
Dégazez délicatement le pâton sur un plan de travail légèrement fariné puis ajoutez les olives et le thym en veillant à bien répartir uniformément le tout, en pétrissant légèrement la pâte de nouveau. Formez le tout en boudin, coupez en 6 à 8 morceaux à l’aide d’une palette de boulangerie ou d’un couteau bien aiguisé. Puis formez chaque morceau en boule. Farinez
Farinez légèrement vos œuvres et déposez-les sur des taques de cuisson recouvertes de papier cuisson . Laissez lever sous un linge propre pendant environ 45 minutes.
Badigeonnez légèrement d’huile d’olive au pinceau et enfournez pour environ 20 à 30 minutes jusqu’à ce que les pains soit bien dorés. La surface doit sonner creux quand vous tapotez (légèrement hein !) le dessus des pains
Dévorez consciencieusement (ou laissez refroidir avant de congeler)
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