Bol comestible et son potage de potimarron au lait de coco

Pan to Supu to Neko Biyori (littéralement pain, soupe et temps de chat en japonais) est une petite série télévisuelle japonaise que j’ai regardé récemment et qui m’a réconciliée avec l’humanité (parce que oui je me fâche dans mon coin très régulièrement avec le monde fou qui nous entoure).

Pas d’intrigues spectaculaires ni d’aventures rocambolesques : sans tonnerre ni fracas, Pan to Supu to Neko Biyori pourrait aussi bien s’intituler chroniques de la vie ordinaire. L’histoire est à première vue assez simple : A la mort de sa mère, Akiko , la quarantaine solitaire, quitte son travail dans l’édition pour reprendre le restaurant maternel. Elle décide de n’y servir que de la soupe et des sandwichs et par la même occasion d’adopter un chat de passage.

Dans la petite rue passante où se trouve le restaurant, toute une série de personnages gravitent autour d’Akiko et viennent déguster ses créations qui changent au gré des saisons et de son humeur. Le modeste restaurant devient ainsi un petit théâtre de l’intime où des conversations se nouent, des liens se créent, des regards s’échangent ou s’écartent autour d’un bol de soupe fumant. Akiko apprend à s’affirmer au fur et à mesure des épisodes, à s’ouvrir au monde pour enfin peut-être trouver sa place.

Car simple ne veut pas dire simpliste, ce j-drama (série japonaise), avec l’air de ne pas y toucher, aborde en fait des thématiques universelles : les amours perdues, le temps qui passe, la complexité des relations familiales, la difficulté de se connaitre et de trouver son chemin, la part du passé et du présent… La fiction baigne en permanence dans une lumière chaleureuse, filmant au plus près les scènes de la vie quotidiennes : un chat qui se roule au soleil, akiko préparant sa soupe avec minutie, le plaisir des clients du restaurant, un sandwich mordu avec jubilation, les silences qui s’installent dans les conversations, les solitudes nocturnes, les petits bonheurs des rencontres, la brise sur un visage apaisé et …des fleuristes jouant du ukulélé !

Avec pudeur et minimalisme, cette fiction touche le téléspectateur par sa tonalité douce-amère, émaillée aussi de moments très drôles, tout en filmant ,comme seuls peut-être les asiatiques (et la BBC ) savent le faire, la préparation des repas. Ce qui veut dire, ami lecteur que cette fiction donne faim ! Étant en mode très soupes pour le moment, je me suis donc lancée dans la recette d’aujourd’hui pour rendre hommage à Akiko et ses amis.

Pan to supu, Du pain, et de la soupe, cela donne donc un bol comestible et son potage au potimarron et lait de coco. L’idée du bol à manger m’est venu en pétrissant ma pâte à pain et en me souvenant d’un bouquin de pains de Richard Bertinet, tout en contemplant des moules à pudding anglais. Le potimarron, lui me faisait de l’œil depuis un moment : son sort était déjà scellé dans un potage au lait de coco, devenu une tradition chez moi. Mystère du cerveau humain sous l’influence d’un temps grisâtre et d’une fiction nipponne. J’ai parfumé ma pâte avec des graines de cumin et j’ai rajouté du son car je n’avais plus de farine complète et je voulais un pain un peu rustique . Mais vous pouvez opter pour une pâte blanche bien entendu.

Pour les bols comestibles, vous devez utiliser des récipients qui peuvent supporter la chaleur du four par exemple des bols à petits déjeuner en terre cuite ou en céramique.(J’ai choisi les fameux moules à pudding so british)

Vous pouvez réaliser les bols sans la soupe, ou la soupe sans les bols ou les deux : jouez en cuisine ! Les bols comestibles peuvent se congeler isolés par du papier sulfurisé : laissez décongeler 1 h à température ambiante avant de les réchauffer quelques minutes dans un four chaud.

Mange ta soupe, heu enfin ton bol : tel sera désormais notre mantra en regardant danser Akiko et ses amis dans cet insolite générique de fin.De la poésie dans un monde  finalement pas si ordinaire…

Pour 6 à 8 personnes

Pâte à pain aux graines de cumin et ‘à l’huile d’olive(pour environ 8 bols de 12 cm de diamètre)

• 30g de son de blé
• 470 g de farine à pain de froment blanc, bio , T65
• 50 g d’huile d’olive+ un peu plus pour huiler les bols
• 11 g de levure à pain sèche
• 7 g de sel
• 5 g de sucre
• 3 c à s de cumin en graines
• 320g d’eau tiède

Potage au potimarron et lait de coco

• 1 potimarron de taille moyenne (1kg)
• 300 à 400 ml de lait de coco suivant la texture désirée
• 1L de bouillon de légumes
• 1 oignon
• 2 gousses d’ail
• 1 anis étoilé
• ½ cc de cannelle en poudre
• 1 cc de gingembre frais râpé
• 1 cc de curcuma frais râpé (ou un ½ cc de curcuma en poudre)
• 1 cc de paprika (et un peu plus pour saupoudrer à la fin)
• 1 cc bombée de cumin moulu (et une petite pincée pour saupoudrer à la fin)
• 2 à 3 gousses de cardamome (dont on récupérera les petits graines noires après écrasement sauvage)
• Sel, poivre
• 2 c à s d’huile d’olive

Commençons l’aventure en chauffant le four à 250°C, chaleur tournante.

Les mains dans le pétrin ! mélangez la levure avec le sucre et l’eau tiède et laisser le mélange gonfler pendant une dizaine de minute. Mélangez dans un grand bol la farine, le sel, les graines de cumin et l’huile d’olive, incorporez le liquide à la levure petit à petit puis commencez à travailler la pâte. Soit au robot pendant 10 à 15 minutes soit à la main , sur un plan de travail fariné ,en pétrissant énergiquement tout en incorporant de l’air pendant une quinzaine de minutes. Selon l’âge de votre farine et de son pouvoir d’absorption, vous aurez peut-être besoin d’ajouter un peu de farine ou d’eau. La pâte est prête quand elle devient élastique : en pressant avec le doigt la pâte se reforme. Formez une boule en repliant plusieurs fois la pâte et laissez reposer dans un saladier légèrement huilé, à couvert, pendant 30 mn. Pour la technique de pétrissage à la main j’utilise personnellement la méthode de Richard Bertinet expliquée ici.

Les doigts dans la soupe ! Emincez l’oignon hachez l’ail et trucidez le potimarron en le coupant en deux avant de l’épépiner et de le détailler en demi-lunes. Nul besoin de le peler car tout se mange dans le potimarron même la peau, surtout quand il est bio. Vous pouvez conserver les pépins pour un autre usage ; par exemple grillées au four avec un peu de sel.

Versez 2 c à s d’huile d’olive dans une grande marmite, jetez-y l’ail, l’oignon, la courge, le gingembre et le curcuma frais. Laissez tout cela chanter 5 minutes, avant de rajouter toutes les épices et de mouiller avec le bouillon de légumes. Salez, poivrez et portez à ébullition, puis baissez le feu et laissez mijoter à feu moyen pendant une demi-heure, à couvert.

Retour au pain : dégagez délicatement la pâte sur un plan de travail fariné, et divisez-là à l’aide d’une raclette en pièces d’environ 100g chacune. Etalez chaque morceau sur un plan de travail fariné en disque fin d’environ 24 cm de diamètre. Emparez-vous d’un bol, retournez–le face contre le plan de travail, et huilez les parois externes au pinceau .Appliquez le disque de pain sur le bol retourné en pressant légèrement pour éviter la formation des bulles d’air. Répétez l’opération pour le reste des bols et laissez le tout reposer 10 minutes sur deux taques de cuisson recouverte de papier sulfurisé ou de silicone.

Les yeux sur le four ! Enfournez les bols et baissez la température à 200°C : laissez cuire 25 à 30 minutes jusqu’à ce que le pain prenne une belle coloration dorée. Sortez les bols du four et laissez refroidir une dizaine de minutes .A l’aide d’un couteau à lame fine, détachez doucement les bols de leurs récipients. Laissez tiédir sur une grille, puis remettez-les dans le four pendant 7 à 8 minutes, à 180°c afin de les rendre légèrement croustillants à l’intérieur. De nouveau, direction la grille pour refroidissement.

La louche dans le potage ! Retournons à la soupe qui se morfondait. Hors du feu ajoutez le lait de coco et mixez longuement de façon à obtenir une texture crémeuse. Réchauffez 2 minutes : c’est prêt !

Disposez les bols comestibles dans des assiettes creuses, versez le potage, saupoudrez de cumin et de paprika et dévorez au fur et à mesure le contenant et le contenu.